NOUS SOMMES LÀ, REGARDEZ NOUS
En ce printemps de rues désertes, les herbes folles relèvent la tête et invitent nos regards attentifs.
Début Mars déjà, la Pariétaire de Judée jouait les stars. De mystérieuses inscriptions au pochoir, nous faisaient remarquer son omniprésence sur nos trottoirs
Elles incitaient à nous intéresser à ces herbes qui sont tout sauf mauvaises.
Elles sont belles, souvent, et ont des noms étranges ou poétiques comme la Cymbalaire / Ruine de Rome
Ou la Scrofulaire voyageuse au beau feuillage cachant de minuscules fleurs pourpres
Le Fumeterre délicatement découpé et coloré
La Bourse-à-pasteur et son port si graphique
Le Bouillon noir qui n’est pas un poison ; il soigne gorges et bronches
Droite sur sa tige, la Renouée Persicaire n’a de noueux que son nom
Et la Véronique a les yeux bleus ou plutôt, bientôt, de fragiles petites fleurs de cette jolie couleur
Tandis que le Chardon Marie et le Cirse les ont violets pour le grand bonheur des abeilles
Certains noms sont moins flatteurs dans leurs connotations mais ce n’est pas toujours mérité.
Les Laiterons ne sont pas des laiderons ; leur abondante floraison jaune illumine le printemps
Ils peuvent se découper graphiquement sur un mur blanc
Ou jouer les stars derrière leur cordon de protection
Le Mouron blanc ne tue personne ; il serait même comestible
Mais l’Euphorbe est bien un peu fourbe ; sa sève laiteuse n’est pas sans danger
Le Séneçon est peu remarquable tant qu’il est jeune
Mais qu’il est beau, vieillard, avec sa toison neigeuse
Que dire de l’Urosperme ? Sa consonance quasi médicale va mal à ses jolies fleurs de pissenlit d’un jaune très pâle
Et puis il y a les locales :
La Crépide de Nïmes
Ou les Capillaires de Montpellier
Et celles dont les versions améliorées se retrouvent dans nos jardins et nos champs.
L’Alysson maritime a peu à envier à l’Alysse Corbeille d’argent
Quand le Géranium de nos trottoirs se fait beaucoup plus discret que son frère cultivé
La Laitue sauvage n’est pas très appétissante
Mais la Roquette jaune serait aussi comestible que celle que nous consommons.
Et quelle est cette volumineuse intruse qui s’est imposée dans un parterre de bulbes ?
Serait-ce un plant de Moutarde ?