Antonin
Habite : rue de la Méditerranée
Arrivé : 1985
Occupation : j’ai joué beaucoup de musique sud-américaine avant de devenir livreur
Signes particuliers : j’aime écrire des messages un peu provoc sur des panneaux
Endroit préféré : les 2 bistrots pour prendre un petit noir en bas de chez moi
Je suis originaire de Marseille. Après des années à bourlinguer de voyages en tournées, j’ai ressenti la nécessité de me poser et trouvé pratique de m’installer à Montpellier. J’habite mon appartement depuis 1985, je suis un des fossiles du quartier que j’ai vu changer. Au début, c’était un lieu où on ne traînait pas: règlements de compte et castagnes dans les bistrots étaient courants mais, de par ma vie de musicien, je n’étais pas souvent là. Aujourd’hui, c’est devenu un village convivial, un avantage avec des limites. Je tiens à préserver ma vie, à garder mes distances et j’ai envie d’aller ailleurs, là où je ne suis pas connu, à la montagne, à la mer, surtout à Sète, ma ville préférée.
Pour la musique, il faut avoir la pêche pour la communiquer; j’ai arrêté à temps quand j’ai senti venir l’usure. Sans regret, je suis devenu livreur à moto et, à 74 printemps, je livre toujours des fleurs pour le bonheur et le malheur. A la retraite, c’est important de bouger et de garder le lien social pour ne pas se flétrir. La moto n’est pas une passion mais un choix pratique: comment faire des livraisons en voiture à Montpellier! C’est différent pour ce qui est des fleurs et des plantes: leur profusion à mes fenêtres est remarquable et très remarquée.
De mon balcon, je vois très bien la place et c’était précieux à une période où la mairie avait décidé de couper un des acacias, déclaré malade et dangereux. Je le surveillais pour prévenir le petit groupe d’opposants en cas de menace de tronçonneuse. Il a finalement été coupé et j’ai mis un panneau «Assassiné par l’administration». Plus tard, j’ai livré des fleurs au directeur des espaces verts à Grammont et, là derrière son bureau, il y avait une découpe de bois avec mon panneau. Je lui ai dit: «Je crois reconnaître ce panneau. Il est à moi mais je vous le prête.» On a bien ri.