Alice (2)

Habite: rue Lamartine

Arrivée: j’y suis née en 1932

Occupation: retraitée

Signe particulier: je m’intéresse à tout, le sport, la mode, le cinéma; j’aime danser

 

Le grand portail en face de chez moi était l’atelier d’un mécanicien. Pendant la guerre, la plupart des voitures ne pouvait pas rouler, faute de carburant. Il s’était donc reconverti en réparateur de bicyclettes; le soir, il laissait tous les vélos en réparation sur le trottoir devant chez lui, sans les attacher. C’est drôle de voir que, ces dernières années, c’est dans cette rue que des ateliers de réparateurs de cycles ont choisi de s’installer, d’abord le Vieux Biclou et maintenant Cocotte et Joli Cycle.

A côté, il y avait une dame qui élevait des lapins. Elle allait tous les jours chercher de l’herbe avec une charrette que tirait un âne. La dame était vraiment très grosse et je plaignais l’âne avec ses jambes maigres qui peinait à remonter la pente de la rue Lamartine avec sa lourde charge.

J’ai vécu ici toute ma vie et j’ai vu beaucoup de changements: avenue du Pont Juvénal, c’était la campagne, seules les maison basses existaient avant la guerre; tous les immeubles à étages ont été construits après.

Je suis très reconnaissante à mon père d’avoir résisté quand j’essayais de le décider à acheter une villa et à quitter le centre-ville. Ici, j’ai tout ce qu’il me faut à quelque pas de chez moi: le marché, le docteur, la pharmacie et la Place de la Comédie; il y a des quartiers où il n’y a rien. Je ne prends ma voiture que quand j’y suis obligée et si personne n’a choisi de se garer devant mon garage.

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