MOUKIS et HASSANE

J’ai connu le quartier d’abord comme client du restaurant. On dit que c’est le quartier le plus africain de Montpellier mais ça ne date pas d’hier. Des commerces ont commencé à s’installer dans les années 90-95 mais c’est Monsieur Désiré qui a donné l’impulsion en ouvrant Le Maquis qui était alors à la place de l’épicerie. Le restaurant s’est installé à son adresse actuelle en 2001. Avec l’aide de Monsieur Désiré, d’autres commerces ont ensuite ouvert. Il est décédé en 2015 ; un ami proche, du nom de Hassane, a repris la gérance en 2018 et m’a proposé de collaborer avec lui.

Un jour, nous avons eu un client dont le visage nous semblait familier mais nous n’arrivions pas à y associer un nom. Il est revenu plusieurs fois et il mangeait toujours le même plat: un Thi Bou Dien, un plat du Sénégal à base de riz et de légumes avec du poisson mijoté dans de la sauce tomate. La serveuse a fini par oser lui demander son nom: c’était Richard Bohringer. Nous n’avons pas pris de photo; pour nous c’était juste un client comme un autre et je crois que c’est ce qu’il aimait.

Ici on est dans le centre ville mais aussi à part. Cela a toujours été un quartier différent caractérisé par sa convivialité et la bonne intégration des différentes populations. On aimerait simplement que la rue soit plus à nous qu’aux voitures. J’aimerais pouvoir créer des festivals où tout le monde est invité pour faire découvrir notre cuisine. J’ai envie de faire connaître la gastronomie africaine mais sous une autre forme: respecter ses bases tout en créant une fusion avec d’autres traditions culinaires. Mais il faut que ça me laisse du temps à partager avec mes enfants: mon petit garçon et sa petite sœur sont ma grande source de joie et d’amour.